lundi 2 novembre 2009

Rappel des faits : UNCHARTED DRAKE'S FORTUNE (les archives d'O.)


Il y a deux ans, le premier Uncharted faisait déjà l'événement. Et l'accueil, généralement bon, fut plus réservé que prévu. Deux manières d'approcher le jeu cohabitaient déjà. Y voir le premier jeu PlayStation 3 d'un brillant studio, ou une compilation aimable mais sans franche originalité de tout ce qui existe déjà dans le jeu vidéo ou au cinéma. Sur O' le même clivage eut lieu silencieusement entre l'avis réservé émit à la sortie du jeu et le best of par catégorie enthousiaste publié quelques semaines plus tard.

Avant de se pencher sur Uncharted 2 et de creuser un peu le pourquoi d'un accueil cette fois unanime, voici ce que O' disait à l'époque…


Uncharted Drake's Fortune : l'avis aimable mais réservé…


Pulp fiction


Parmi toutes les promesses plus ou moins fantasmatiques délivrées par Sony lors de la grande première de la Playstation 3 en mai 2005, il y en a tout de même au moins une qui semble être en passe de se réaliser : celle de proposer une machine de divertissement à l'intersection des univers du jeu vidéo et du film, concept symbolisé, entre autres, par l'emprunt de la police de caractères Spider-man. Il y a deux mois, c'était Heavenly Sword qui se rêvait superproduction heroic fantasy, grandes idées et cinématiques impressionnantes mais tout, tout petit jeu. Uncharted, lui aussi, affiche fièrement ses ambitions grand écran, particulièrement dans les making of qui peuplent la section bonus du disque Blu-Ray : désir de rendre hommage au classique film d'aventures, importance du scénario et de l'attachement du joueur aux personnages, embauche d'acteurs expérimentés pour la motion capture…


Mais contrairement à Heavenly Sword, le jeu, lui aussi, est bien là. Enfin, presque là. Lorgnant de toute évidence du côté du Tomb Raider-like, Uncharted propose un mélange de plateforme, de résolution d'énigmes et de combat. Beaucoup (trop) de combat. On voudrait chasser les indices, déjouer des pièges, déchiffrer des codes, explorer des caveaux centenaires – bref, jouer les aventuriers –, mais un nombre invraisemblable d'adversaires oblige en permanence à sortir les flingues (ou les fusils à pompe, ou les lance-grenades…), et les soupirs permanents du héros ("ces types sont partout !" ou "c'est une plaisanterie !") deviennent rapidement les nôtres. Plus sérieux, Uncharted rappelle en permanence des choses déjà jouées, généralement bien meilleures. On a parlé de Tomb Raider, mais c'est surtout la liberté extraordinaire permise par Assassin's Creed que fait regretter le titre, dont le héros ne possède ni la souplesse, ni la grâce d'Altaïr. Et puisque la plus grande partie de l'aventure est passée gun à la main, difficile de ne pas mentionner Gears of War : on retrouve ici la visée par-dessus l'épaule, la gestion de la couverture, et même, dans certains niveaux, les codes esthétiques du méga-hit d'Epic. Mais sans le punch qui continue, quelques semaines après la sortie de la version PC, à caractériser l'original.


Il serait donc facile de classer Uncharted dans la catégorie des jeux arrivés un peu tard et de passer à autre chose. Ceci dit, malgré le bombage de torse de rigueur exhibé dans les fameux making of (un jeu "unique," des choses "que vous n'avez jamais vues auparavant"), les ambitions du studio étaient somme toute assez modestes. Car c'est avant tout des pulp movies, l'équivalent cinématographique du roman de gare, que les créateurs ont puisé leur inspiration. Et sur cet aspect, le titre est quasi-irréprochable : il y a une grande chasse au trésor de ruines aztèques en cités abandonnées, des rebondissements, une romance naissante, et même une pointe de fantastique. Plus Bob Morane qu'Indiana Jones, Uncharted assume son absence de génie avec une honnêteté désarmante et, tout en restant à bonne distance du chef d'œuvre, livre une grande aventure distrayante en 16/9 et son 5.1, dans un genre auquel le jeu vidéo s'intéresse finalement assez peu. Une semi-réussite, en somme : si Heavenly Sword était la superproduction creuse et barbante, Uncharted est la série B sympathique, entièrement dispensable, mais dont le charme sincère séduit inexplicablement un soir de zapping paresseux. Éric Simonovici


Uncharted Drake's Fortune : L'avis enthousiaste décortiqué par le best of de fin d'année 2007...


5e place au palmarès 2007 (derrière Bioshock, Super Mario Galaxy, Half-Life 2 : Orange Box, Petroid Prime 3 : Corruption)…

Pourquoi en faire des tonnes (save the world ?) comme tout le monde et ne pas se concentrer sur une bonne petite histoire de série B à la Indiana Jones ? L'important étant moins les enjeux que la manière dont ils sont mis en scène. Et là, Naughty Dog réussit un superbe mixe action, aventure et histoire. Contrairement à quelques autres productions plus tapageuses mises dans le commerce sans être terminées, Uncharted est une production fignolée jusqu'au bout. D'une fluidité de tous les instants les cutscenes vives et plaisantes n'interrompent pas le gameplay qui lui-même enchaîne, sans rupture, exploration, acrobaties à la Lara Croft et gunfights cache-cache à la Gears of War. En passant, la qualité graphique, dont les incroyables textures haute résolution, prouve, après les premiers jeux PS3 graphiquement douteux (et les portages Xbox 360), que la PS3 est tout a fait capable d'en afficher et éloigne le spectre de la PlayStation 2 et sa célèbre mémoire de textures insuffisante.


Meilleures cutscenes

Si un jeu vidéo veut se la jouer cinéma avec saynètes non interactives, scènes d'action, petits sketches et scènes de dialogues, la grammaire du grand écran s'impose. Naughty Dog l'a bien compris et, non seulement les cutscenes sont brèves et intégrées sans accroc aux séquences interactives, mais elles sont montées (champ et contre-champ) et cadrées (valeurs des plans) avec beaucoup de savoir faire. À tel point qu'on oublie totalement d'essayer de les passer.


Meilleurs pistes audio

Le bruissement de la jungle et des cours d'eau pourrait être plus dense encore pour s'aligner avec les visuels florissants. En l'état, ils participent tout de même parfaitement à la reconstitution du Panama de série B du jeu. Plus précisément, la gamme des sons liés aux armes à feu (tirs et recharges, le cliquetis quand Nathan ramasse des munitions au sol, bruit des holsters en cuir quand il change d'arme…) est une des plus contrôlées et sophistiquées jamais réalisées. Les bruits restent en mémoire comme ceux, hyper identifiables, de la série Half-Life…


Meilleurs scénarios et dialogues

Drake's Fortune : Sans manière, vif, bien écrit dans le sens où ce que disent les personnages sonnent justes dans leurs bouches, correspond à leur attitude et aux situations avec un minimum d'intention. Pas de répliques aléatoires ici, chaque mot est écrit pour la scène. La VO sous-titrée française est officiellement accessible dans les options, un plus en plus.


Meilleurs bonus

Il faut jouer, tout de même, pour débloquer plusieurs généreux documentaires making-of et de splendides galeries de dessins, mais, comme ceux de Half-Life 2 : Orange Box, pas besoin d'acheter une version collector. Tout est en superbe HD et VO sous-titrées français et on découvre avec des split-screens comment ont été tournées les scènes de motion capture avec de vrais comédiens.


Meilleure nouvelle personnalité

Nathan Drake : Il a de subtiles expressions faciales comiques héritées de Jak (and Daxter) et son «Oh Boy !» (en VO) quand une grenade atterrit à proximité confirme un flegme et une cool attitude irrésistibles.

FBdelaB


Uncharted 2 : Among Thieves fait-il mieux que ça ? Notre réponse prochainement...

2 commentaires:

Nickywan a dit…

On attend la suite de l'article avec impatience, c'est sûr.
Drake's fortune avait l'avantage de renouveler le genre dans lequel notre notre chère quadragénaire s'était immiscer au début de la PS1.
On sentait les balbutiements du tant attendant "film jouable", promis depuis l'aube des temps par ll'industrie du jeu vidéo et qui n'a pas beaucoup réussi à certain studio. Est ce que l'on s'y rapproche encore plus avec Uncharted 2 ?

Factor X a dit…

Selon moi, Uncharted 1er du nom était le meilleur jeu PS3 à jamais paraître. Ce n'est pas tant le gameplay et les mécaniques de jeu qui m'avaient impressionnés, mais la mise en scène et la qualité de la narration.
Tout bonnement fabuleux. La qualité des expressions faciales était du jamais vu pour moi. Toute la palette des émotions humaines était retranscrite dans les petites séquences cinématiques (toujours trop courtes).
Pour la première fois de l'histoire des jeux vidéos, des personnages prenaient vie pour la première fois de manières réaliste. Les petits sourires en coin, les oeillades complices, les tics comportementaux (le ptit rire nerveux du héros Drake). Sans parler des dialogues. Humour, charme, finesse de la mise en scène. Fabuleux. Et unique. Jamais, que ce soit dans Mass Effect ou dans des jeux récents comme Dragon Age, on atteint un tel réalisme dans la "caractérisation" de personnages virtuels.

Quant au gameplay, rien d'extraordinaire pour moi. Il suit la normalisation générale actuelle. GTA IV, gears of war ou assassin's creed...mon avis est que l'on joue quasiment encore et encore au même jeu. Seul le design et la narration font la différence et représentent pour moi le seul interet.

Je n'ai pas acheté encore Uncharted 2 (bien sur que je le ferai) qui d'après les différents tests parus est un monstre (97% au metacritic quand même). Mais je suis sûr que c'est le même jeu que le 1er mais en plus gros. Donc je suis pas excité plus que ça, l'effet de surprise est maintenant passé.

Mon avis général est que le jeu vidéo doit continuer son rapprochement vers le cinéma et vers cette forme ultime utopique de "film joué".
Oui aux séquences cinématiques. La forme la plus libre et la plus riche pour conter une histoire.