mardi 27 avril 2010

Zapping : le meilleur moyen de dire 'je vous emmerde'

Infinity Ward se vide alors que Respawn se remplit, diarrhée, trafic d'âmes et George W. Bush… Citations choisies de l'actualité de ces dernières semaines.

"Nos développeurs sont extrêmement bien traités."

- Thomas Tippl, l'un des directeurs du groupe Activision, au Los Angeles Times. Une vingtaine d'employés auraient quitté Infinity Ward depuis le licenciement litigieux de Vince Zampella et Jason West, ex-présidents du studio, le 1er mars. Plusieurs d'entre eux ont depuis rejoint ces derniers chez Respawn Entertainment.

"C'est un peu comme si vous annonciez : le pur-sang que j'ai abattu le mois dernier à gagné le Prix de l'Arc de Triomphe !"
- Jeff Brown, directeur de la communication chez Electronic Arts, commentant chez IndustryGamers l'annonce par Activision des 2.5 millions de dollars rapportés par le Stimulus Pack Modern Warfare 2.

"Il aurait été impossible de trouver meilleur moyen de dire 'je vous emmerde' à Activision."
- L'analyste Michael Pachter concernant l'annonce de Respawn Entertainment. Le studio est soutenu financièrement par Electronic Arts, concurrent numéro un d'Activision. (Source)

"Le challenge que rencontrent les designers de jeux vidéo 'réalistes' est le même que celui rencontré par les politiciens, les leaders religieux ou les auteurs de science-fiction : exploiter nos peurs du présent pour nous vendre des images du futur."
- Jonathan McCalmont, critique anglais, à propos de "l'apocalypse américaine" telle que présentée, entre autres, dans Call of Duty : Modern Warfare 2. (Source)

"Ce qui a particulièrement attiré notre attention est la phrase 'Certains services peuvent être offerts automatiquement et sans notice préalable lorsque vous êtes en ligne', ce qui signifie en gros que Sony peut faire tout et n'importe quoi avec votre PS3 sans que vous en soyez avertis et sans votre permission."
- Le site anglais Thinq après lecture attentive de l'intégralité du contrat d'utilisation de la Playstation 3.

"En passant commande sur ce Site au premier jour du quatrième mois de l'an 2010, vous acceptez de nous accorder les droits non-transférables de propriété sur votre âme éternelle, maintenant et à jamais."
- Extrait du contrat d'utilisation du site marchand anglais Gamestation 'spécial premier avril'. Une case à décocher permettait de refuser la clause (et d'empocher une ristourne de cinq livres) mais 88% des utilisateurs n'ont jamais pris la peine de lire. (Source)

"J'ai passé mes journées à faire tout ce que j'avais envie de faire, étudier les technologies qui m'intéressaient, jouer à tout ce qui m'attirait… par exemple, j'ai accumulé près de 400 heures de jeu à Dragon Quest IX."
- Tomonobu Itagaki, désormais directeur artistique de Valhalla Game Studios, décrit sa période sabbatique post-Team Ninja. (Source)

"Si l'on pouvait graduer les jeux vidéo selon une échelle allant 'd'amuse-gueule' à 'repas complet', les expériences proposées par Apple ne représenteraient même pas une bouchée."
- Reggie Fils-Aime, président de Nintendo Etats-Unis, peu après la sortie américaine de l'iPad, perçu comme concurrent de la DS. (Source)

"Comparé à d'autres formes de divertissement telles que le cinéma, la démo gratuite est un luxe que seule l'industrie du jeu vidéo se permet d'offrir. Et parce que nous avons pu profiter de ce luxe pendant si longtemps, toute tentative de changement provoque la colère des joueurs. Mais la réalité est que ces démos gratuites pourraient ne plus exister à long terme."
- Cevat Yerli, président du studio Crytek, à propos de la stratégie de contenu premium pré-sortie envisagée par Electronic Arts. (Source)

"Je vais vous dire – on nous a demandé de faire un film basé sur une attraction de Disneyland et ça c'est plutôt bien passé."
- Jerry Bruckheimer, interrogé à propos des chances de succès du prochain film Prince of Persia malgré son héritage jeu vidéo. Le producteur référence évidemment les Pirates des Caraïbes, une série ayant rapporté plus de deux milliards de dollars de recettes à ce jour. (Source)

"Malgré les ventes importantes de la Wii et la compétition de la Playstation 3, dans l'esprit du grand public, c'est la marque Xbox qui est la plus souvent associée à une certaine idée stéréotypique du jeu vidéo, tout comme on parle d'un 'Coca' pour désigner un soda aromatisé au cola et tout comme Google est devenu synonyme de recherche sur le web. Ca arrive généralement lorsqu'une marque domine l'esprit des consommateurs et c'est un moyen sûr de déterminer le succès d'une société."
- Un article du blog Red King's Dream.

"Nos produits hardware tels que la console Xbox 360 sont extrêmement complexes et peuvent inclure des défauts de design, de fabrication ou bien des défauts logiciels."
- Extrait d'un document officiel de Microsoft accompagnant la diffusion récente de ses derniers résultats trimestriels.

"Nous étions comme des gosses en train de traverser une adolescence turbulente, mais avec dix millions de dollars de budget et les yeux du monde entier fixés sur nous."
- Bungie, revenant sur la création difficile de Halo 2 dans un making-of du site Eurogamer.

"Ce que nous espérons faire avec No More Heroes 3 est digérer tout ce que nous avons appris puis nous vider d'absolument tout, comme une diarrhée !"
- Goichi Suda, autoproclamé "designer punk", dans une interview vidéo accordée au Guardian.

"Je veux que les gens de Nintendo viennent chez Platinum, sortent des flingues et nous disent 'Faites-nous un nouveau Star Fox'."
- Hideki Kamiya, créateur de Bayonetta, sur son flux Twitter. (Source)

"Si le processus créatif se fait sans douleur, c'est que vous êtes probablement en train de faire quelque chose de pas très intéressant."
- Bungie, toujours à propos de la création de Halo 2.

"Quand j'ai commencé à travailler là il y a deux ans, mon objectif était de faire de DeathSpank le jeu le plus génial jamais réalisé et qu'il puisse gagner le prix Nobel. D'après ce que j'entends à Stockholm, DeathSpank serait au coude à coude avec un spécialiste de la théorie des cordes ou quelque chose comme ça. […] Donc pour reprendre mon héros de toujours, George W. Bush : mission accomplie."
- Ron Gilbert, co-créateur des classiques Monkey Island, expliquant son départ (volontaire) du studio HotHead Games. (Source)

vendredi 16 avril 2010

War Games

Une vidéo confidentielle présentant une bavure supposée de l'armée américaine en Irak invite des comparaisons entre soldats et gamers, accros à la modern warfare de Call of Duty. La guerre serait un jeu pour certains, visiblement. Mais une réalité en cache parfois une autre.

Parmi les actualités américaines fortes de la semaine dernière, on a beaucoup parlé d'une vidéo noir et blanc diffusée par l'organisation suédoise WikiLeaks, déjà auteur d'un certain nombre de scoops brûlants. Celle-ci témoigne en effet d'un incident survenu le 12 juillet 2007 à Bagdad en Irak, lorsqu'une paire d'hélicoptères Apache fait feu sur ce qui est alors perçu comme un groupe de rebelles armés. Le bilan inclura finalement deux enfants grièvement blessés et une douzaine de morts, dont deux journalistes de l'agence Reuters. La diffusion de ce document inédit – et ultra-confidentiel – incluant images de la caméra embarquée sur les appareils et enregistrement complet des conversations a provoqué le débat que l'on imagine outre-Atlantique. Mais c'est la réaction du journaliste australien Julian Assange, présenté comme responsable de WikiLeaks, qui s'est révélé la plus intrigante pour les fans de la culture gaming. "Les pilotes se comportent comme des joueurs de jeu vidéo, a-t-il en effet déclaré durant une conférence du National Press Club à Washington. C'est comme s'ils voulaient obtenir le high score."

A priori, un énième parallèle plus ou moins pertinent entre guerre et shoot'em up, une remarque très vaguement informée aux relents moisis de Space Invaders. Les images, pourtant, accusent une ressemblance frappante avec un jeu bien plus récent, en l'occurrence Call of Duty : Modern Warfare. L'une des missions de la campagne solo, Death from Above, place en effet le joueur aux commandes d'une mitrailleuse embarquée à bord d'un avion lourd gunship ; même esthétique "caméra de surveillance", même anonymat des cibles… Les similarités vont jusqu'au ton effroyablement détaché des soldats. Après un tir particulièrement réussi dans le jeu, ces derniers rigolent en disant que cela va faire un "super ralenti". "Ouais, regarde tous ces connards morts", lance un pilote dans la vidéo de WikiLeaks. "Bien joué !" répond un second.

Les connexions entre guerre et jeu vidéo ne datent bien sûr pas d'hier : de nombreux gradés sont régulièrement embauchés par les studios pour garantir un certain degré de réalisme tandis que l'armée américaine continue à faire une utilisation importante de solutions à base d'univers virtuels pour l'entraînement des troupes – sans même parler des titres naviguant entre deux eaux tels que Full Spectrum Warrior ou America's Army. Rarement les imageries ludiques et militaires se sont à ce point téléscopées, cependant, un constat d'autant plus étrange que les deux mondes évoluent à priori dans des directions différentes. Alors que, comme le rappelle le magazine Slate, les techniques militaires modernes tendent à éloigner de plus en plus les soldats et les cibles, le jeu vidéo mainstream, au contraire, tend vers l'immersion totale et pousse presque le joueur au corps-à-corps avec l'ennemi – mais à bonne distance des réalités les plus crues du conflit. On se souvient du tollé qu'avait provoqué l'annonce l'année dernière du jeu Six Days in Fallujah, lequel promettait la guerre en Irak "comme si vous y étiez" ; trois semaines après l'annonce du titre, Konami retirait finalement son soutien du projet.

Est-il juste, du coup, de comparer soldats et "joueurs de jeu vidéo", tout en suggérant une sorte de connexion barbare et irresponsable entre les deux ? Si les images montrent parfois les gamers fusil au poing et impatients d'en découdre, ils ne participent qu'à une version édulcorée et distante du conflit, héritière des batailles de cour de récré et, surtout, placée dans un contexte bien spécifique et souvent commodément ignoré – celui du jeu et de l'imaginaire. Contexte qui fait presque entièrement défaut à la vidéo de WikiLeaks. Quels sont les évènements antérieurs ayant précédé la fusillade du 12 juillet 2007 ? Les soldats qui ont appuyé sur la gâchette ce jour fatidique sont-ils incapables de regret et de compassion ? "Peut-être, répond le journaliste David Finkel du Washington Post, lequel a suivi la campagne irakienne durant cette période. D'un autre côté, je suis resté en contact avec beaucoup de membres de ce bataillon, y compris avec celui qui a dû secourir et porter l'un des enfants blessés, et cette découverte continue à être difficile pour lui. Je ne rentrerais pas dans les détails sans sa permission mais je peux vous assurer que c'est quelque chose qui le hante."

[Image : extraits de la vidéo WikiLeaks (haut) et de la mission Death from Above de Call of Duty : Modern Warfare (bas)]

vendredi 9 avril 2010

Gears of War : où sont les femmes ?

Parmi les nouveautés possibles du prochain épisode de la série, un second rôle féminin pourrait faire office de petite révolution au sein d'un univers à très forte concentration de testostérone. Mais les femmes ont-elles vraiment leur place aux côté de Marcus Fenix ?

On a beaucoup parlé du blockbuster Epic Games ces derniers jours. Et pour cause : invité lundi prochain sur le plateau du talk-show Late Night With Jimmy Fallon, Cliff Bleszinski, père de la franchise, a promis de dévoiler officiellement l'un des prochains titres du studio à la télévision nationale américaine. Bien sûr, il peut s'agir de n'importe quoi (le nouveau titre des polonais de People Can Fly, par exemple, membres de la famille Epic depuis que cette dernière est devenue actionnaire majoritaire en 2007), mais tous les indices semblent converger vers une troisième aventure musclée de Marcus et Dominic. Pièce à conviction numéro 1 : que Gears of War 3 soit en cours de développement est une évidence. Pièce numéro 2 : la mention suspecte du titre sur une couverture temporaire de la prochaine édition "spéciale previews" d'Electronic Gaming Monthly. Pièce numéro 3 : un article du magazine Edge Online, pas vraiment connu pour faire dans le ragot fumeux, lequel affirmait que le premier trailer du jeu devait faire son apparition le 8 avril, soit la date initiale du rendez-vous Bleszinski/Fallon avant que celui-ci ne soit repoussé à lundi prochain.

Depuis, Edge a publié un second article sur le sujet. Décidément bien informées, les sources du canard lâchent même ce qui est présenté comme les premiers détails du gameplay : bouleversements du système de couverture avec de nouvelles armes capables d'aller chercher les joueurs derrière leurs abris (côté humain comme coté Locust), armures mobiles façon Mechwarrior, niveaux sous-marins, etc. Plus intéressante, cependant, est la présence potentielle d'un second rôle féminin au sein de la petite équipe de COG, évoquée brièvement il y a quelques jours dans un article de Game Informer. Interrogé à ce sujet, CliffyB avait offert un mystérieux "wait and see", concédant que "ça pourrait être vraiment génial de voir une fille écraser une tête de Locust sous sa botte".

Voilà qui pourrait effectivement faire figure de petite révolution dans un univers jusque-là non seulement 99% masculin, mais débordant de testostérone et de sueur. Pourquoi de tels choix ? Dans le même article, le designer s'explique. "Lorsque le joueur lance un jeu Gears of War, nous voulons qu'il n'y ait aucun temps mort, qu'il se sente rivé à son siège comme dans un grand huit. Nous ne voulons pas casser le rythme blockbuster." La femme, ou plus exactement la féminité, serait en somme quelque chose d'indésirable, ce que semble confirmer le jeu lui-même. (SPOILER GEARS OF WAR 2) On se souvient de cette séquence de Gears of War 2 durant laquelle Dominic Santiago, après avoir cherché sa compagne Maria pendant des mois, décide en cinq minutes de l'euthanasier sommairement avant de retourner gonflé à bloc au carnage. (END SPOILER) Une manière un peu facile d'évacuer ce qui aurait pu entraver le rythme à couilles rabattues de l'action – et le reste de la gent féminine n'est pas beaucoup mieux loti : un passage extrait d'Aspho Fields, nouvelle basée sur l'univers Gears of War, définit la procréation comme la "priorité numéro un" des femmes, un statut à priori à peine plus enviable que celui des pondeuses Locust.

Dans un tel contexte, difficile donc de jauger ce qu'un personnage féminin pourrait véritablement apporter, voire même changer. Candidate principale au rôle, car ayant déjà fait ses classes dans la série de comic books inspirée du jeu, Alexandra Brand donne peut-être une idée de ce que l'on pourrait attendre. A savoir un garçon manqué, envoyé au front car stérile (donc plus tout à fait femme) et parlant comme un soldat ("On dirait que t'as besoin de leçons, princesse" l'entend-on aboyer dans le comic book, comme détachée de son sexe véritable). Seule l'annonce officielle permettra de confirmer ou d'infirmer les spéculations, bien sûr, mais une chose apparait certaine : Gears of War semble destiné, en tout cas dans un avenir proche, à rester un man's man's world.

[Image de une : Alex Brand dans le comic book Gears of War]

lundi 5 avril 2010

Rewind (part 2) : Less talk, more rock !

Le jeu vidéo sur écoute ? Capable du meilleur comme du pire. Sélection...

"Le jeu vidéo sera toujours au cœur de ce que nous faisons", déclarait cette semaine Peter Dille, vice-président du marketing chez Sony Computer Etats-Unis, même s'il rappelait que le constructeur se définissait néanmoins comme "plus qu'une simple société spécialisée gaming". Et pour cause ; les enjeux ayant dicté la présence d'un lecteur Blu-Ray au sein de la Playstation 3, enjeux dépassant très largement le cadre du seul jeu vidéo, sont bien connus.

Mais la bataille du Blu-Ray, soldée il y a de cela plus de deux ans, laisse désormais la place à une autre. "La 3D va tout balayer et nous sommes les mieux positionnés pour faire de cette technologie un format que les consommateurs accepteront", affirmait la semaine dernière Howard Stringer, PDG de Sony, au magazine Wired. La ligne de téléviseurs Bravia du constructeur est décrite comme la "pièce-maîtresse" de cette stratégie, mais la PS3 a elle aussi un rôle à jouer. Le dernier épisode de Qore, le magazine en ligne officiel Playstation, confirme ainsi la sortie de la mise à jour système 3D de la console pour l'été – et offre une première liste de titres supportés, incluant Killzone 2, LittleBigPlanet, Wipeout HD Fury, Super Stardust HD et le futur Gran Turismo 5.

Pour autant, certains émettent quelques réserves. Interrogé par CVG, Tameem Antoniades, co-fondateur de Ninja Theory, estime la technologie "limitée". "Le problème est que pour bien faire de la 3D, il faut calculer 60 images par seconde pour chaque œil. Et disposer d'une résolution d'au moins 720p [par œil]. Donc en gros, c'est du 1080p à 120 images par seconde et avec de telles spécifications, la génération actuelle de consoles ne peut afficher que des graphismes très rudimentaires." Le nom de Ninja Theory est généralement associé à celui de Sony puisque le studio a développé Heavenly Sword, l'un des premiers jeux exclusifs PS3, pour le constructeur. Faute de ventes suffisantes, leur prochain projet, Enslaved, sera cependant multiplateforme.

3DS

Pendant ce temps, la spéculation continue autour de la technologie utilisée par Nintendo pour sa prochaine 3DS. Selon l'analyste Billy Pigeon, l'annonce-surprise de la machine la semaine dernière (quelques jours seulement avant la sortie américaine de la DSi XL) aurait été décidée pour prendre de court la presse japonaise, laquelle s'apprêtait "apparemment" à découvrir le pot-aux-roses.

Coïncidence intéressante, c'est vendredi dernier que Sharp, pressenti comme l'un des partenaires possibles de Nintendo sur la 3DS, a présenté à la presse ses prochains écrans LCD destinés aux appareils mobiles. Utilisant une technologie de barrière à parallaxe (un filtre intermédiaire est chargé de rediriger la lumière vers les yeux gauches et droits), ceux-ci permettent de visionner une image en 3D sans passer par les traditionnelles lunettes. En contrepartie, leur taille est limitée à 3.4 pouces de diagonale (légèrement supérieur aux 3.25 pouces de la DS/DSi) et l'utilisateur doit se positionner à environ 30 centimètres bien en face de l'écran, sans quoi les images peuvent se révéler "un peu floues" selon un article de l'Associated Press. La résolution annoncée est elle de 854x480 pixels (comparé à 256x192 pour la DS) et les écrans tactiles sont supportés. La production de masse, enfin, devrait démarrer dans le courant des six prochains mois. Pour qui ? Sharp s'est refusé à révéler le nom des sociétés intéressées par sa technologie.

Poissons

Au risque de passer pour un vieux con blasé, il y a longtemps que les poissons d'avril ne me font plus LOL, à plus forte raison ceux de la presse jeu vidéo. Peut-être parce que la nature inexplicablement obligatoire de l'exercice incite les rédacteurs à forcer le gag à coups de massue plutôt qu'à lui laisser le temps de se glisser derrière vous, frappant en plein dans les zygomatiques au moment où vous vous y attendez le moins. Heureusement, il y a parfois des exceptions et cette année, c'est IGN qui s'est révélé le plus inspiré. A voir d'urgence donc, la rencontre invraisemblable et live-action de Halo et Bollywood. Dans un autre registre, il y a également les poissons d'avril qui n'en sont pas, comme par exemple cette révélation : Duke Nukem Forever aurait dû passer gold ce 1er avril 2010. "Totalement intentionnel. Ca aurait été hilarant," déclare Jason Bergman, producteur chez Take-Two.

Jesus was a gamer

C'est génial et ça tombe au poil pour Pâques : le collectif italien Molleindustria, spécialiste des newsgames coups de poings tels que McDonald's videogame ou Operation Pedopriest, retrace la vie du messie en 10 secondes et avec des gros pixels. Par ici la leçon.

Zapping

"Le plus important lorsque l'on conçoit un personnage, c'est le gras."
- Hyung-Tae Kim, artiste ayant entre autres travaillé sur la série de jeux de rôle Magna Carta, chez Gamasutra.

"La meilleure vente anglaise de 2009 en matière de divertissement nous vient du marché jeu vidéo : avec 2.92 millions d'unités vendues, Call of Duty : Modern Warfare 2 devance de plus de 30% le numéro deux, le DVD de Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé."
- Extrait d'un rapport de l'ERA, l'association anglaise des revendeurs de produits de divertissement.

"Ce qui m'inquiète le plus, c'est que les gosses n'entendent généralement jamais parler de ce genre de trucs – à moins que l'on ne fasse un tel tapage."
Cheryl Olson, spécialiste en psychologie comportementale et co-auteur du livre Grand Theft Childhood, remet à sa place l'un des journalistes-vautours de CNN. Dans le courant de la semaine dernière, la chaîne a tenté de ressusciter l'affaire RapeLay, un jeu érotique japonais ultra-controversé ayant déjà défrayé la chronique il y a plus d'un an.

"Nous avons réaligné notre structure pour mieux refléter les opportunités marketing dont nous disposons et diriger nos ressources vers les segments les plus profitables."
- Activision restructure. Bilan : 4 unités distinctes et 15 licenciements.

"Salut, c'est Activision.
Salut.
Je voulais juste te dire, j'ai posté des photos de ta femme à poil sur le web.
Hein ?
On les a eues grâce aux caméras que l'on a posées dans ta maison.
Grâce aux quoi ?
Ah oui, et désolé pour les chiots. On a dû les piquer parce qu'on a marché dessus pour installer les caméras et…
Vous avez piqué mes chiots ?
Oui, mais ce n'est pas pour ça que j'appelle. On a un jeu à développer et on pensait à toi pour faire ça.
Cool, où est-ce que je signe ?"
- Keith Boesky, ex-président d'Eidos Interactive et désormais agent spécialisé jeu vidéo, illustre le pouvoir dont dispose les grands éditeurs. (Source)

"En ce qui me concerne, c'est vraiment la position idéale dans l'industrie jeu vidéo… sans emploi et prêt à tout."
- Manny Vega, ex-Pandemic Studios et co-créateur d'un jeu iPhone se payant la tête de son ex-employeur Electronic Arts. (Source)

"Tu as trop réfléchi à la question, tu t'es trop creusé la tête. Tu devrais faire un break – tel que tu es actuellement, tu n'iras pas plus loin."
- Gunpei Yokoi, créateur de la Game Boy et producteur original de la série Metroid, à Shigeru Miyamoto, durant les premières années du designer chez Nintendo. (Source)

"Penser que dépenser plus d'argent résoudrait le problème fût une erreur. Je n'exagérais pas quand je disais que Shenmue pourrait incarner de manière extraordinaire les pires excès du développement de jeux vidéo. C'est une histoire fascinante, un désastre probablement pire que ce que vous imaginez."
- Jeremy Blaustein, responsable localisation et voice-acting, dans une longue interview sur le site GameSetWatch.

"Et peut-être que c'est là que les choses se terminent. Peut-être que l'on se perd dans tout ce bla-bla – toute cette intellectualisation, ces chiffres et ces projections, ces doutes. Ou peut-être que ce qui survit n'a plus rien de l'inspiration et la magie de l'idée originale : tout a été dilué, compromis, transformé. Alors, pour ce que ça vaut, voici mon ultime leçon : LESS TALK, MORE ROCK."
- Le collectif canadien Superbrothers avec l'aide du journaliste Brandon Boyer, dans un excellent article du site BoingBoing.

samedi 3 avril 2010

Rewind (part 1) : les grands moyens de Sony contre le piratage

On a bien pensé à un méchant poisson lorsque Sony annonçait dès lundi la disponibilité le 1er avril (!) d'une curieuse mise à jour système, puisque celle-ci n'introduisait aucune nouvelle fonctionnalité. Pire, il s'agissait là d'en retirer une, en l'occurrence l'option Other OS permettant d'installer un système d'exploitation tiers sur les consoles de première génération, option posant désormais des "problèmes de sécurité" selon le constructeur. Par "problèmes de sécurité", Sony entend bien sûr les exploits récents du hacker George Hotz, plus connu pour avoir développé le premier programme permettant de déverrouiller complètement l'iPhone. En début d'année, celui-ci expliquait sur son blog – fichiers à l'appui – avoir réussi à percer les défenses de la Playstation 3 en passant par une installation Linux, prélude possible à l'arrivée de toutes sortes d'applications "sauvages", du développement homebrew au piratage.

Voilà donc Sony qui, sans offrir de compensation visible (autre que la satisfaction toute relative de protéger les intérêts des "partenaires contenu" de la firme), annonce aux utilisateurs que leur machine sera très bientôt amputée d'une fonctionnalité pourtant mise en avant durant les tous débuts de la machine, lorsqu'il avait fallu convaincre un public sceptique de sortir 600 euros pour ce qui était alors considéré par beaucoup comme une "simple" console de jeu vidéo. La mise à jour n'est pas obligatoire mais la contrepartie (impossibilité de se connecter au Playstation Network plus, à terme, impossibilité de lancer les derniers jeux et/ou les derniers films Blu-Ray) ne laisse que peu d'alternatives. La nouvelle a donc provoqué les réactions que l'on imagine : rien que sur le blog officiel Playstation, presque 6.000 commentaires, la plupart négatifs. Partout ailleurs, grommellements, promesses de boycotts futurs, interrogations sur la légalité de la chose, etc.

Pourtant, au-delà de la déception légitime provoquée par l'annonce, la logique est implacable. Le piratage, Sony connait déjà sur sa plateforme portable, la PSP. Vite conquise par les hackers peu après sa sortie, la console a depuis été le terrain d'un jeu permanent du chat et de la souris, les mises à jour de sécurité répondant à la découverte de nouvelles vulnérabilités et vice-versa – mais sans succès apparent. "Le plus gros problème qu'a rencontré la PSP a été le piratage; nous ne sommes pas parvenus à enrayer le phénomène," déclarait en février dernier l'un des vice-présidents de Sony Computer U.S.A., au passé comme si la cause était désormais perdue. Effectivement, l'analyste Michael Pachter estime désormais que Sony "va dans le mur" avec la PSP, destinée selon lui à finir troisième derrière la DS et la plateforme iPhone. Quant à la récente PSP Go, laquelle ne compte que pour une fraction des ventes totales de PSP mensuelles et hebdomadaires, d'autres là voient déjà sur le chemin de la "mort lente".

D'un côté, donc, une menace potentiellement sérieuse pour la PS3. De l'autre, une fonctionnalité à laquelle la très grande majorité des utilisateurs de Playstation 3 est vraisemblablement indifférente, vestige embarrassant d'une époque – l'ère confuse du supercalculateur multimédia tel que rêvé par Ken Kutaragi – que Sony a définitivement laissée derrière soi. Autant dire que le choix a dû s'imposer de lui-même, d'autant que, selon Hotz, la vulnérabilité en question aurait été difficile à éliminer via un simple patch logiciel. Piètre consolation bien sûr pour ceux qui faisaient une utilisation légitime de Linux sur PS3, ou pour ceux qui, tout simplement, se demandent désormais si l'acte d'achat signifie encore quoi que ce soit dans un univers numérique 100% connecté où Amazon.com, par exemple, peut effacer de votre Kindle des livres pourtant payés, le tout sous la protection légale de contrats d'utilisation aussi restrictifs qu'abscons. Un meilleur des mondes visiblement pas tout à fait au goût de Hotz ; le hacker a confirmé préparer le développement d'une version modifiée de la fameuse mise à jour Sony laissant la fonctionnalité désormais indésirable intacte.